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TYPE DE SUPPORT : ARTICLE   |   CATÉGORIE : DANS LA PRESSE

AUTEUR : Patrick Bignon

DATE : 10 janvier 2018

SUPPORT : Le Cercle des Echos du 9 janvier 2018

LegalTech : Quels enseignements pour les professions juridiques ?

Les LegalTech ont aujourd’hui le vent en poupe; les levées de fonds les concernant sont de plus en plus importantes; leurs domaines d’activité, de plus variés et qualitatifs, remettent en cause de plus en plus certaines activités exercées par les professions juridiques.

En l’espace d’un an, l’offre de services des LegalTech a amorcé un véritable tournant sur le marché français : alors que les premières start-ups du droit visaient avant tout les litiges du quotidien des particuliers et les services aux très petites entreprises – des segments de marché mal servis par les professionnels du droit -, celles qui ont le vent en poupe aujourd’hui développent désormais toute une gamme de services destinés aux praticiens du droit (avocats, notaires, juristes d’entreprise, magistrats…).

On observe ainsi sur ce marché une plus grande diversité et une nette montée en gamme des services proposés. Ces innovations relèvent des domaines de la documentation et de la production de services juridiques (rédaction automatisée ou semi-automatisée d’actes et de documents, moteurs de recherche « intelligents » pour accéder à l’information en langage naturel…), du service client (plateformes de mise en relation, signature électronique, échanges et archivage sécurisés de documents, espaces clients sur un extranet, réseaux sociaux…), des outils de travail (solutions logicielles pour la document review, chatbots spécialisés en matière d’information juridique ou administrative…) ou encore de services totalement innovants (plateformes de résolution de litiges en ligne, de financement de procès par des tiers ou d’organisation d’actions en justice, solutions d’analyse de données de jurisprudence et d’analyse prédictive…). Une profusion de propositions de services qui peut d’ailleurs provoquer une certaine confusion chez les justiciables et les professionnels, quelque peu désorientés face à cette offre aujourd’hui pléthorique.

Dans le même temps, la cartographie des acteurs du marché a également évolué de façon très significative. Aux côtés des solutions proposées par des start-ups, on observe le développement de services développés par les acteurs traditionnels du marché que sont les professionnels du droit et les éditeurs juridiques. Et le nombre de juristes qui créent, rejoignent, prennent des participations ou concluent des partenariats avec des start-ups connaît lui aussi une nette augmentation. Et des projets collectifs, pilotés à l’échelle d’une profession, ont vu le jour : un réseau national des « incubateurs » des barreaux français (Bordeaux, Lyon, Marseille, Montpellier, Paris, Rennes et Toulouse) a été lancé en octobre dernier, peu avant l’annonce de la création d’un « accélérateur » par la Chambre nationale des huissiers de justice.

Pour les professionnels du droit, l’ampleur de ces évolutions pose une question fondamentale : celle de l’avenir de leur profession. Quelle attitude adopter face à cette vague d’innovations ? Comment les exploiter et les intégrer dans son projet et business model pour faire évoluer sa pratique et se différencier de ses concurrents ? Pour répondre à ces questions stratégiques, il convient tout d’abord d’observer ce qui se passe dans le marché, tout en s’interrogeant sur ce qui, demain, pourrait être la valeur ajoutée de son organisation et de sa proposition de services. De même, il s’agit de déterminer de quelle façon chacune de ces innovations peut contribuer à renforcer son efficacité, à mieux conseiller les clients et à optimiser ses ressources internes, en organisant notamment un meilleur partage de son savoir-faire, grâce à l’intelligence artificielle.

L’enjeu est donc pour les professionnels du droit à répondre à ces questions fondamentales : qu’est-ce que ces innovations peuvent apporter à mes clients ? Comment peuvent-elles me donner une longueur d’avance sur la concurrence ? Quel est leur impact sur mon business model et le « pricing » de mes activités ?