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TYPE DE SUPPORT : ARTICLE   |   CATÉGORIE : BLOGS

AUTEUR : Patrick Bignon

DATE : 7 augustus 2013

La stratégie adoptée par les cabinets d’avocats internationaux au Maroc

Grâce à une croissance économique soutenue (4,9% en 2011) et à une stabilité politique durable, le Maroc est devenu une destination incontournable pour les investisseurs étrangers comme pour les cabinets d’avocats internationaux qui les accompagnent. Le Maroc est depuis plusieurs années une plateforme régionale en plein essor, et l’un des portails d’entrée sur l’Afrique privilégiés par les entreprises et cabinets d’avocats internationaux.

Cinquième économie du continent africain en termes de PIB, le Maroc présente de nombreux atouts : des secteurs à haut potentiel, une fiscalité encourageant l’investissement, des coûts de production attractifs et un pouvoir d’achat en hausse sont autant de facteurs incitant les investisseurs internationaux à se tourner vers Casablanca, et, dans une moindre mesure, vers d’autres villes marocaines telles Rabat et Tanger.

La Turquie, la Chine, et les États de la péninsule arabique font preuve depuis quelques années d’un grand intérêt pour le Maroc. L’Espagne, l’Allemagne et les États-Unis ont également renforcé leur présence dans ce pays. Mais le principal partenaire commercial du Maroc demeure la France, puisque les échanges commerciaux entre les deux États représentaient 8 milliards d’euros en 2012. La France détient actuellement 15% des parts du marché marocain et reçoit 25% des exportations marocaines. La France demeure également le principal investisseur étranger au Maroc, qui accueille actuellement 750 filiales d’entreprises françaises, tandis que la quasi-totalité des entreprises du CAC 40 sont présentes au Maroc. La visite du Président de la République François Hollande au Maroc en mars 2013, dans le contexte de ces relations économiques prospères, a permis la conclusion d’une quinzaine de contrats dans les secteurs agroalimentaires, ferroviaires et du traitement de l’eau. Tandis que le Maroc s’efforce de devenir une alternative crédible à Dubaï, un flux constant d’investisseurs étrangers arrivant sur le marché marocain a conduit les cabinets d’avocats internationaux à s’intéresser de plus près à ce marché en plein essor.

Arrivée de cabinets d’avocats internationaux au Maroc :

Les premiers cabinets d’avocats étrangers à s’installer au Maroc furent les cabinets membres de réseaux pluridisciplinaires, notamment Ernst & Young Associated Advisers (présent au Maroc depuis 1993), KPMG et Deloitte & Touche.

Depuis plusieurs années, les cabinets d’avocats internationaux désireux de développer une préférence en Afrique ont tendance à choisir le Maroc et l’Algérie, les deux juridictions francophones les plus importantes du continent africain. Pour de nombreux cabinets d’avocats, l’ouverture d’un bureau au Maroc constitue la première étape d’une stratégie plus large d’implantation sur le continent africain, et remplace ou

complémente les « desks » africains pilotés depuis des bureaux européens. La sophistication de son système juridique (très similaire au système juridique français), sa stabilité politique et son environnement réglementaire et législatif rendent le Maroc très attractif aux yeux des cabinets d’avocats internationaux.

Les cabinets d’avocats français et espagnols furent les premiers à ouvrir des bureaux à Casablanca au début des années 2000, à l’exception notable de CMS Bureau Francis Lefebvre, présent à Casablanca depuis 1948. Aujourd’hui, sept cabinets d’avocats français se sont installés à Casablanca : August & Debouzy, CMS Bureau Francis Lefebvre CWA, Gide Loyrette Nouel, JeantetAssociés, Lefèvre Pelletier & Associés et UGGC Avocats.

Parmi les cabinets d’avocats espagnols notables, Cuatrecasas Gonçalves Pereira et Garrigues ont ouvert leurs bureaux respectifs à Casablanca en 2007 et 2005, tandis que le second est aujourd’hui l’un des seuls cabinets d’avocats internationaux à posséder un second bureau marocain, à Tanger. Les cabinets d’avocats espagnols au Maroc attirent une clientèle internationale variée (majoritairement originaire d’Espagne), pour laquelle ils mènent à bien des opérations de fusions-acquisitions et de « due diligence ».

Ces cabinets français et espagnols sont actuellement la cible d’une intense compétition de la part des cabinets d’avocats anglo-saxons, tels Allen & Overy, Clifford Chance, Norton Rose et Baker & McKenzie, qui ont ouvert des bureaux à Casablanca en 2011.

Les cabinets d’avocats internationaux ont généralement opté pour des équipes locales de taille limitée, les bureaux marocains des cabinets internationaux comptant 1 à 4 associés, et, en moyenne, moins de 10 collaborateurs (à l’exception d’Allen & Overy, dont le bureau de Casablanca compte plus de 25 collaborateurs).

Malgré l’importance de ces cabinets d’avocats internationaux au sein du marché juridique marocain, les cabinets d’avocats locaux (tels Kettani Law Firm) demeurent prisés par les clients marocains et internationaux pour leur expertise en droit local et la qualité des services offerts.

Plusieurs cabinets d’avocats internationaux ont choisi de conclure des alliances et partenariats avec des cabinets locaux plutôt que d’ouvrir leurs propres bureaux au Maroc. Le cabinet français Adamas a ainsi conclu une alliance stratégique avec le cabinet marocain Figes, tandis que Bird & Bird LLP a fait de même avec le cabinet local El-Amari.

Si cet afflux de cabinets internationaux pourrait faire craindre une saturation du marché juridique marocain, tel n’est pas l’avis des principaux acteurs de ce marché, qui soulignent la hausse constante de l’activité et le faible nombre de cabinets d’avocats marocains. Certains s’accordent pour estimer que cet afflux permet au contraire une meilleure structuration du marché juridique marocain. Malgré une importante pression sur les honoraires et une compétition forte entre cabinets, de nouvelles arrivées sur le marché juridique marocain continuent d’être annoncées.

Offres de services et équipes des cabinets d’avocats internationaux au Maroc

L’offre de services des cabinets d’avocats internationaux au Maroc varie peu d’un cabinet à l’autre, et se concentre généralement sur les domaines d’intervention suivants :

– Le droit des sociétés (fusions-acquisitions et « private equity ») ; ainsi, de nombreux fonds d’investissements originaires des États du golfe confient leurs dossiers « corporate » à des cabinets d’avocats internationaux basés au Maroc ;

– La fiscalité ;
– La résolution des litiges (arbitrage et contentieux international) ; – Le droit public et les projets.

Ces domaines répondent directement aux préoccupations des investisseurs étrangers au Maroc, dont l’activité se concentre sur les secteurs suivants :

– L’énergie, un secteur en essor recevant des investissements importants et sophistiqués, tandis qu’une activité croissante dans les secteurs minier, pétrolier et gazier continue d’attirer les investissements étrangers au Maroc. Par exemple, l’Afrique du Sud, le Canada et le Brésil investissent de plus en plus dans le secteur minier marocain ;

  • –  Les technologies, médias et télécoms ;
  • –  Le tourisme ;
  • –  L’immobilier ;
  • –  Les infrastructures : en raison des prix élevés du pétrole, le gouvernement

marocain recherche activement des investisseurs étrangers susceptibles de

répondre à ses attentes dans ce domaine ;

  • –  La banque et les services financiers ;
  • –  Le transport ;
  • –  Le commerce et la distribution.

Ces secteurs sont dès lors ceux sur lesquels les cabinets d’avocats internationaux sont appelés à se concentrer au Maroc. Cependant, le gouvernement marocain a récemment identifié trois nouveaux secteurs prioritaires : la chimie, l’industrie pharmaceutique, et la mécanique / métallurgie. À l’avenir, ces secteurs sont susceptibles de connaître un regain d’activité, et, dès lors, d’assumer une position plus importante dans l’offre de services des cabinets d’avocats internationaux présents au Maroc.